Jean-François, 46 ans, ancien commercial dans des sociétés de services informatiques, est au chômage depuis « plusieurs années ». Il raconte comment, en costume-cravate, il a fait bien des fois « le tour des boîtes informatiques » de la région bordelaise. Sans succès. En ce matin de bruine automnale, Jean-François, pull-over et jean, se rend à l'Institut des métiers. Au programme, une « journée relooking ». « Je suis venu par curiosité », commente-t-il en aidant à servir le café d'accueil, « l'image de soi, le look, ça aide un peu pour la confiance, le moral. Sinon, on finit par rester chez soi et ne sortir que pour des entretiens d'embauche. »
Ils sont une dizaine, hommes et femmes, âgés de 30 à 50 ans, tous en recherche d'emploi dans le secrétariat, la manutention, le commerce, l'accueil, le secteur social... Cette proposition de relooking leur a été faite par le biais d'un partenariat entre la Maison de l'emploi de Bordeaux, le Plan local pour l'insertion et l'emploi (Plie), la Chambre de métiers et de l'artisanat et son centre de formation.
Une apparence agréable
« Cela entre dans le cadre de parcours longs que l'on peut proposer à certaines personnes mais sans caractère obligatoire », note Emmanuel Chasseriaud, chargé de mission au Plie de Bordeaux. Une partie des demandeurs d'emploi présents suit par ailleurs un stage sur « l'image de soi » qui fait notamment appel au théâtre.
En plus du cursus professionnel, résumé dans le CV, l'apparence du demandeur d'emploi devant un recruteur potentiel est importante. Elle dépasse la tenue vestimentaire. « On va vous apporter des conseils de coiffure et d'esthétique. Le but est d'avoir une apparence agréable pour celui qui vous reçoit », résume Jocelyne Devaud, responsable pédagogique de l'espace beauté de l'Institut des métiers.
Un véritable exercice pratique attend des élèves de première et de deuxième année de brevet professionnel, leur professeur c'est Sylvie Estrade qui dirige « Enfin moi », un cabinet de conseil en image. Avant toute intervention sur les cheveux et la peau, une étude de couleurs s'impose. « Il faut voir les couleurs qui vous mettent en valeur », explique Sylvie Estrade.
Tour à tour, les demandeurs d'emploi s'assoient face à un miroir. Des tissus de couleurs différentes sont noués successivement autour de leur cou. Couleur froide ou chaude ? Laquelle s'harmonisera le mieux avec celle des yeux, le teint de la peau, la forme du visage ? Quelle coupe de cheveux et quelle teinte en découlent ? « Vous avez de très jolis yeux, il faut absolument les mettre en valeur, cela donnera du cachet à votre visage », insiste Sylvie auprès d'une femme.
Crème, baume et masque
Dans la salle d'à côté, Nathalie Bacon explique à des hommes, incrédules au départ, l'influence des mains et du visage. « Quand vous parlez, quand vous vous présentez, vos mains ont de l'importance, dit-elle, même pour un homme, si on se regarde dans un miroir et si notre tête nous plaît, on a encore plus la pèche ! »
Une photo avant, une photo après. Les chômeuses quittent l'Institut des métiers les cheveux coupés, colorés, le visage maquillé et des conseils vestimentaires. Les hommes repartent les cheveux coupés et, en main, une fiche de conseils sur les soins du visage. À 20 ou 40 euros le flacon, certains confessent ne pas pouvoir s'offrir ce luxe esthétique. Pour un jeune chômeur, le choix est cependant fait : « Mieux vaut s'acheter des crèmes que des cigarettes ! »
